10 idées reçues à abandonner sur la compensation carbone

Last Updated 6 février 2023

10 IDÉES REÇUES À ABANDONNER SUR LE NET ZÉRO ET LA COMPENSATION CARBONE

D’après les recherches scientifiques, nous devons réduire nos émissions de plus de la moitié d'ici 2030 si nous voulons avoir une chance d'atteindre l'objectif de Paris, qui vise un réchauffement climatique limité à 1,5°C. Cela équivaut à éliminer les émissions actuelles de la Chine, de l'Inde, de l'UE et des États-Unis réunis.

Pour y parvenir, nous devons utiliser tous les outils à notre disposition et prendre dès maintenant les mesures nécessaires, tout en élaborant des plans à long terme pour atteindre le net zéro.

La compensation carbone est un moyen efficace et mesurable pour les entreprises d'assumer dès maintenant la responsabilité de leur empreinte carbone actuelle, en attendant de pouvoir atteindre le net zéro. Pourtant, de nombreuses entreprises sont probablement encore réticentes à compenser leurs émissions de carbone. Pourquoi ? C’est en grande partie à cause des nombreuses idées reçues qui circulent à propos de la compensation carbone.

Bien sûr, nous sommes les premiers à souligner que la compensation carbone n'est pas une solution miracle pour lutter contre le changement climatique. Mais lorsqu'elle est bien menée, elle s’inscrit dans une stratégie efficace de gestion du climat ou du carbone. Les entreprises doivent entreprendre toute une série d'actions. Elles doivent quantifier leur empreinte environnementale, réduire ou éviter totalement leurs émissions là où c’est possible, puis chercher à compenser ou contrebalancer les émissions qu’elles ne peuvent pas supprimer.

Cet article a pour but de dissiper un certain nombre d’idées reçues qui circulent aujourd’hui sur la compensation carbone, afin de donner à votre entreprise les informations dont elle a besoin pour se rapprocher du net zéro.

Commençons par le commencement…

1. LA COMPENSATION carbone NE PERMETTRA PAS DE RÉGLER LE PROBLÈME DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Il est tout à fait vrai que la compensation carbone ne permettra pas à elle seule d’arrêter le changement climatique. Malgré tout, les experts du monde entier s'accordent à en faire un élément essentiel du cheminement vers le « net zéro ». La plupart des entreprises ne pourront pas s’en passer pour atteindre le net zéro, dans la mesure où il restera toujours des émissions résiduelles très difficiles à supprimer.

Nous devons assurer aussi vite que possible notre transition vers un monde à faibles émissions de carbone. Mais dans le meilleur des cas, c’est un processus qui prendra du temps. Concrètement, cela implique d’imposer des changements systémiques de façon à décarboner l’économie et le fonctionnement des entreprises. C’est pourquoi il est impératif d’agir sur les émissions de carbone que nous produisons à l’heure actuelle. Dans cette optique, le fait de financer par le biais de la compensation volontaire une quantité de réductions d'émissions de carbone équivalente à nos émissions incompressibles est un moyen efficace d'assumer la responsabilité de notre empreinte carbone. Cela permet de gagner du temps pendant que nous développons de nouveaux procédés et technologies pour réduire cette empreinte.

Des organisations telles que le WWF, la SBTi, l'université d'Oxford, les Nations Unies et la Taskforce on Scaling Voluntary Carbon Markets (groupe de travail sur la mise à l'échelle des marchés volontaires du carbone) s'accordent à dire que la compensation carbone joue un rôle fondamental dans notre cheminement vers le net zéro. La question qui se pose n’est plus « les entreprises doivent-elles compenser leurs émissions ? » mais « comment les entreprises doivent-elles compenser leurs émissions ? ».

2. L’IMPORTANT C’EST DE RÉDUIRE NOTRE EMPREINTE CARBONE, PAS DE COMPENSER LES ÉMISSIONS

Pour être bref : il est nécessaire de faire les deux. Nous avons tous une empreinte carbone, même si nous nous efforçons de la réduire. Même tous les efforts qu’on peut déployer pour réduire les émissions à leur source, nous sommes tous responsables d'une partie du dioxyde de carbone et des autres gaz à effet de serre qui se répandent dans l'atmosphère. Tout cela provoque un changement climatique d’ampleur planétaire.

Nous pourrions choisir de l'ignorer. Nous pourrions ne prendre aucune mesure pour nous attaquer aux conséquences de ces émissions incompressibles, pourtant susceptibles de relativiser l’ampleur des réductions obtenues jusque-là. Ou bien nous pouvons décider de faire en sorte qu’un montant de carbone équivalent à nos émissions incompressibles soit absorbé ou évité à un autre endroit, grâce à la compensation carbone. Pour atteindre la neutralité climatique, la compensation des émissions de carbone incompressibles reste à l’heure actuelle le seul moyen véritablement efficace.

3. LA COMPENSATION CARBONE EST NÉCESSAIREMENT UN PROCESSUS PROGRESSIF

Les entreprises doivent assumer l'entière responsabilité de toutes les émissions de carbone qu'elles produisent aujourd'hui et qu’elles produiront demain. Une entreprise désireuse d’atteindre le net zéro devra quantifier et divulguer ses émissions et se fixer un objectif de réduction fondé sur des données scientifiques. Toute mesure prise pour réduire les émissions doit suivre les recommandations issues de la recherche scientifique. Les émissions qui restent et sont considérées comme incompressibles doivent être compensées. Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas d'un processus progressif, mené étape par étape : la clé réside en réalité dans la capacité à mener de front et sur un rythme soutenu toutes les actions identifiées, puis de procéder aux ajustements nécessaires en cours de route.

Pour dire les choses simplement, étant donné la date limite avant laquelle il est nécessaire d’agir pour contrer efficacement le changement climatique, nous n'avons tout simplement pas le temps de prendre les choses l’une après l’autre. Au bout du compte, ce sont les émissions d'aujourd'hui qui provoqueront le changement climatique de demain. Pour le bien de tous, nous avons besoin que les organisations assument pleinement leur responsabilité en compensant dès maintenant leurs émissions de carbone.

4. LA COMPENSATION CARBONE EST JUSTE UNE FAÇON DE CONTINUER À ÉMETTRE SANS CULPABILISER

Notre discours est toujours le même : les entreprises doivent se fixer et atteindre leurs objectifs de réduction de leurs émissions de carbone, ainsi que compenser leurs émissions. Ce n'est pas l'un ou l'autre ; ces deux actions doivent être entreprises simultanément. L'urgence climatique est là. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y faire face ensemble, main dans la main.

La vérité, c’est que les entreprises qui compensent leurs émissions s’imposent une taxe volontaire sur leur propre pollution carbone, une taxe qui ne peut qu'augmenter avec le temps. Cela oblige l'ensemble de l'entreprise à œuvrer pour réduire ce coût supplémentaire, mais aussi (peut-être le plus important) pour entraîner des changements de comportement venant du haut. En effet, la recherche montre qu’un acheteur-type de crédits de compensation certifiés tend à réduire de près de 17 % ses émissions de Scope 1 (qui résultent directement de son activité) sur un an, tandis qu’un acheteur-type de crédits de compensation non certifiés tend à réduire ses émissions de Scope 1 de moins de 5 % sur la même année.

5. LA NEUTRALITÉ CARBONE, C'EST UN GADGET DE ResponsabilitÉ SocialE des entreprises

Au cours des 18 derniers mois, de nombreuses entreprises ont considérablement changé de point de vue sur l'impact qu'elles produisent sur l'environnement. La sensibilisation croissante du public au changement climatique, qui se manifeste notamment sous la forme d’une évolution du mode de consommation, est un catalyseur majeur de cette évolution. Associée aux pressions exercées par les investisseurs et les différents gouvernements, elle a fait entrer de plain-pied des considérations environnementales concrètes et ambitieuses dans les univers d’investissement. Nous en voulons pour preuve le fait que les entreprises ne s'engageaient jusqu’à présent dans l'action contre le changement climatique que dans le cadre de leur responsabilité sociale d'entreprise (RSE). Aujourd’hui, elles commencent à considérer cette question comme un enjeu fondamental pour leur activité.

En réalité, le passage à la neutralité carbone peut présenter de nombreux avantages pour toute entreprise, qu'il s'agisse de démontrer la solidité de ses références environnementales, de renforcer la confiance de ses clients envers sa marque ou d'améliorer l'implication de son personnel dans ses programmes de développement durable. La neutralité carbone peut même être une source de réelles opportunités de croissance : elle peut permettre de renforcer les chaînes d'approvisionnement, soutenir la croissance sur des marchés clés et contribuer au lancement de nouveaux produits et services.

6. LA COMPENSATION CARBONE COÛTE TROP CHER

Il est difficile de dire le contraire car la compensation carbone s’appuie sur une réalité incontournable : pour parler franchement, il est normal qu’elle soit coûteuse. Le changement climatique a et aura un coût réel énorme. À l’heure actuelle, le fait de polluer notre environnement ne coûte absolument rien aux entreprises. Les entreprises qui choisissent volontairement de compenser leurs émissions de carbone fixent de facto un prix du carbone correspondant à leur activité.

Le fait d'inscrire leurs émissions de carbone à leur bilan attire l'attention sur la question. C’est ce qui permet de favoriser les réductions en interne et de justifier les investissements dans de nouveaux business models à faible émission de carbone. C’est la preuve d’un changement de comportement.

Avec le temps, de plus en plus d’entreprises vont s’engager pour atteindre le net zéro, ce qui devrait entraîner une augmentation du prix du carbone. Nous encourageons donc les entreprises à anticiper ce mouvement et à collaborer avec un partenaire capable d'élaborer une stratégie de compensation à long terme adaptée à leur activité. Cela peut porter aussi sur le développement de nouveaux projets pour gérer à long terme le risque de prix.

7. LE TÉLÉTRAVAIL ENTRAÎNE UNE DIMINUTION IMPORTANTE DE L’EMPREINTE CARBONE

Quand on parle d’empreinte carbone, les voyages en avion ou les déplacements entre le domicile et le lieu de travail ne constituent pas les seuls facteurs contributifs. En réalité, l'empreinte numérique s’avère de plus en plus problématique, comme la pandémie nous l’a montré. Dans notre empressement à regarder des vidéos en streaming, à envoyer des courriels, à organiser des appels vidéo, à stocker des données ou encore à mettre à jour nos statuts sur les réseaux sociaux, nous avons perdu de vue à quel point le numérique est gourmand en énergie.

Internet et les technologies numériques impliquent bien davantage que la seule énergie nécessaire au fonctionnement de nos appareils. En effet, contrairement à l’image inoffensive qu’évoque le nom de « cloud », le stockage des données est particulièrement nocif sur le plan environnemental. Les composants techniques qui assurent son fonctionnement génèrent des émissions extrêmement élevées.

L'empreinte carbone de nos gadgets, d’Internet et des systèmes sous-jacents représente 3,7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit à peu près l’équivalent du secteur aérien. Et ces émissions devraient doubler d'ici à 2025.

8. IL N'EXISTE PAS DE PROJETS DE RÉDUCTION DES ÉMISSIONS DE CARBONE QUE NOUS POUVONS SOUTENIR AU ROYAUME-UNI

Il existe de nombreux et excellents projets de réduction des émissions de carbone au Royaume-Uni. Ils sont principalement axés sur la création, la restauration et la préservation des milieux naturels. Ces projets obéissent aux mêmes méthodologies robustes, mesurent les émissions de carbone de la même manière et utilisent les mêmes processus de vérification que les normes internationales les plus réputées.

En raison de la nature même de ces projets, il faut souvent de nombreuses années pour qu’ils produisent des réductions de carbone vérifiées. Ils nécessitent donc un financement initial plus important, ce qui entraîne un risque accru.

Vous pouvez acheter le cas échéant des crédits de réductions d'émissions vérifiées provenant de ces projets, mais il faut garder à l'esprit que, d’après les accords internationaux, il n'est actuellement pas possible de les utiliser pour compenser les émissions de votre entreprise ou prétendre à la neutralité climatique. En effet, c’est le gouvernement britannique qui revendique actuellement pour ses propres objectifs climatiques toutes les réductions d’émissions de carbone réalisées au Royaume-Uni.

D’après les règles internationales, qui définissent dans quels lieux les projets de compensation carbone peuvent être mis en œuvre, les projets éligibles se situent principalement dans les pays en développement. Mais ne nous y trompons pas : soutenir la réduction des émissions de carbone dans les pays en développement présente de multiples avantages. Il s'agit souvent d'un moyen efficace de réduire les émissions mondiales de carbone et d’orienter les financements vers des projets dont l’impact social est reconnu, qui mettent en œuvre un développement durable et qui aident les populations locales à s'adapter aux effets du changement climatique.

9. MON ENTREPRISE EST TROP PETITE POUR COMPENSER

Ce n'est pas la taille de votre entreprise qui compte, mais celle de votre empreinte carbone.

Quelle que soit sa taille, toute entreprise peut faire la différence dans la lutte contre la crise climatique en s'efforçant d’atteindre le net zéro. Le changement climatique représente le plus grand défi de notre époque. Tout le monde a un rôle à jouer dans la lutte planétaire contre ce fléau.

Le gouvernement britannique a mis en place des mesures législatives permettant à l’ensemble du pays d’atteindre le net zéro d'ici 2050. Réaliser cet objectif d’ici 2030 dans le monde entier nous donnerait de meilleures chances de limiter le réchauffement à 1,5 °C, étant déterminée par l'Accord de Paris. De multiples entreprises de toutes tailles se sont engagées à atteindre le net zéro d'ici 2030. Elles examinent actuellement de quelle façon inciter leurs clients et leur chaîne d'approvisionnement à réduire eux aussi leurs émissions.

10. ÊTRE NEUTRE EN CARBONE, C'EST LA MÊME CHOSE QUE D'ÊTRE NET ZÉRO

La terminologie peut s’avérer complexe dans ce domaine. Assurer dès aujourd’hui la neutralité carbone permet aux entreprises de prendre immédiatement des mesures concrètes tout en se mettant sur la bonne voie pour atteindre leur objectif de net zéro à plus long terme.

Atteindre la neutralité carbone en compensant toutes ses émissions par le financement de projets de réduction d’émissions de carbone (évitement et élimination) de haute qualité et vérifiés de manière indépendante est aujourd’hui le seul moyen pour une entreprise d'assumer la pleine responsabilité de son empreinte carbone actuelle. En effet, assurer dès aujourd’hui sa neutralité carbone permet à une entreprise de compenser immédiatement son empreinte carbone existante. Il lui revient ensuite de maintenir ce statut pendant qu’elle prend les mesures nécessaires pour réduire ses émissions au plus proche de zéro, conformément aux objectifs s’appuyant sur des données scientifiques. Avec le temps, l’empreinte carbone de cette entreprise diminuera et le montant de ses compensations diminuera de pair. Elle atteindra le net zéro lorsqu'elle aura réalisé son objectif de réduction des émissions de carbone fondé sur des données scientifiques et compensera toutes ses émissions incompressibles par des projets d'élimination du carbone.

Elle aura même la possibilité d’aller plus loin encore en devenant négative en carbone, de façon à se doter d’un avantage concurrentiel.

En nous attaquant à ces idées reçues, nous espérons donner aux entreprises de toutes tailles les moyens et l’ambition d'assumer leur responsabilité de leur impact climatique. Nous leur demandons de se mobiliser, non pas seulement en affichant leur soutien à la cause environnemental, mais aussi et surtout en agissant concrètement dès aujourd'hui. Au bout du compte, ce sont les émissions d'aujourd'hui qui provoqueront le changement climatique de demain. Pour le bien de tous, nous avons besoin que les organisations assument pleinement leur responsabilité à cet égard, et dès maintenant.

Quelle que soit sa taille, toute entreprise peut faire la différence dans la lutte contre la crise climatique en s'efforçant d’atteindre le net zéro.

50% La réduction des émissions mondiales qu’il faut obtenir d'ici à 2030 pour respecter la limite de 1,5 °C de réchauffement climatique